Objet de fascination, le masque est très souvent plébiscité par les artistes contemporains. Une avidité qui ne date pas d’hier puisque de tout temps, les civilisations se sont emparées de cet objet à travers rituels, cérémonies et autres célébrations. Paradoxal, le masque révèle et dissimule en même temps. Énigmatique, il permet de se projeter ou de jouer un rôle. Transgressif, il est pourtant le symbole de civilisations aujourd’hui disparues. Avec l’exposition « Faces cachées », l’artiste Christine Mathieu a choisi de mettre en lumière collections ethnographiques et œuvres contemporaines. Il en résulte un dialogue habile et singulier que j’ai très envie de vous présenter.
RAISON 1 : pour un voyage à travers le temps et les continents
Que les frontières sont ténues entre art et artisanat, entre ancien et contemporain, entre nord et sud, entre mémoire et histoire. Où s’arrête la photographie ? Où débute la broderie ? « Faces cachées » brouille les époques, les techniques et les savoir-faire. Avec pour fil rouge la mise en lumière de l’artefact, objet fabriqué de toutes pièces par l’homme, l’exposition nous fait voyager à travers l’Alaska, le Bénin, l’Iran, la Grèce… mais aussi à travers les âges. Cette confrontation temporelle et géographique soulève subtilement la question de l’héritage et de l’universalité. Quelle joie de se laisser emporter et surprendre par cette exposition troublante, étrange et à la beauté brute.







RAISON 2 : pour les détails minutieux et délicats
Chacune des œuvres suscite la curiosité, invite à la découverte et nécessite quelques minutes d’observation pour savourer de nombreux détails. Perles savamment cousues, broderies au cordeau, bois travaillé et coquillages collés par milliers évoquent les nombreuses heures de travail des artistes. Comme Picasso et Giacometti en leur temps, les artistes d’aujourd’hui ont à leur tour succombé à l’attrait des masques hypnotiques et fascinants. Leur hommage n’en est que plus troublant.







RAISON 3 : pour découvrir de véritables curiosités ethnographiques
À travers les photographies, les broderies, les mises en scène et les costumes, l’exposition dévoile un savant panorama de coutumes. Costumes africains servant aux rites de passage de l’adolescence à l’âge adulte répondent aux photographies brodées et collées d’anonymes européens, tandis que les masques blancs évoquant des rituels primitifs proches de la nature viennent se confronter aux costumes iraniens suspendus, attendant les visiteurs tels des fantômes flottant dans l’air. C’est déroutant, passionnant et particulièrement poétique.




L’exposition « Faces cachées » est présentée jusqu’au 27 août à La Manufacture, le musée de la mémoire et de la création textile de Roubaix. De nombreuses animations et plusieurs ateliers sont d’ores et déjà au programme, vous pourrez les découvrir mais aussi préparer votre visite en consultant le site de La Manufacture.
Je remercie tout particulièrement Constance de l’Office de Tourisme de Roubaix pour l’invitation et Claire de La Manufacture pour son accueil. À très vite à Roubaix (et ailleurs) pour de nouvelles aventures !
Une réflexion sur “3 raisons pour… lever le masque à La Manufacture de Roubaix”