Breaking news ! Cinq ans après son lancement, 3 raisons pour revient en force avec un nouveau design, de nouvelles rubriques et surtout un nouveau contributeur à plein temps. Il est régulièrement apparu de dos sur les photos d’Aurélie, et nous avait fait le plaisir d’exercer sa plume fine, aguerrie et si littéraire sur nos périples communs à Oye-Plage, Rotterdam, Anvers ou encore Utrecht. Marc, le créateur de Slow Culture Magazine, officiera désormais ici. Et apportera sa riche et singulière culture musicale pour du contenu encore plus savoureux. Trois, deux, un… c’est parti !
À l’heure où le concept de muse semble être mis à mal par le débat public, attardons-nous aujourd’hui sur trois titres à l’occasion desquels Roger Nelson (aka Prince) s’est mis au service de ses fameuses protégées. Bien que leurs carrières respectives n’aient pas commencé par l’influence du Purple One, elles portent encore haut ces compositions, et preuve en est, beaucoup sont toujours interprétées sur scène.
Nous n’aborderons pas ici les collaborations historiques, comme celles avec le duo Wendy & Lisa ou encore Chaka Kahn. Par obsession de l’underground ? Non, par soif de mise en lumière d’un héritage parfois aussi récent qu’effacé, que nous ne sommes certainement pas les seuls à aimer rappeler.
RAISON 1 : Andy Allo – People Pleaser (2012)
Issu de l’album Superconductor, People Pleaser est un titre à la croisée du funk et du jazz, deux genres enrichis ici par une esthétique sonore résolument moderne : le jeu des musiciens est savamment encadré par une structure stricte, et aucune envolée vocale n’est à signaler.
L’énergie du groupe naît paradoxalement d’une rigueur et d’une discipline exemplaires… Pour l’entourage musical proche de Prince, c’est la règle qui confirme la règle.
Dévoilé lors d’un live mémorable au Grand Journal de Canal + le 27 juin 2011, le titre ne sera enregistré qu’à la fin de l’automne suivant. S’il est établi que Prince n’a pas écrit le morceau, le wiki de référence Prince Vault fait cependant mention d’instruments “non-identifiés”, supposément captés à Paisley Park lors de la session.
People Pleaser est un titre encore défendu sur scène par Andy Allo aujourd’hui.
RAISON 2 : Judith Hill – Turn Up (2015)
Turn Up fait contraste à People Pleaser : ce titre est une fête mêlant Minneapolis Sound (comprendre “le funk de Minneapolis”), dub, gospel, et R&B. L’heure est à l’exubérance : l’orgue Hammond sature dès que possible, la guitare Mad Cat de Prince joue à toute vitesse, la brillante guitare basse cogne comme si c’était sa dernière heure, idem pour la résonance de la caisse claire du batteur.
Pourtant choriste de Michael Jackson sur la tournée This Is It et solide compétitrice de la saison 2013 de The Voice America, son album Back in Time passera inaperçu et ne sera ni attendu ni célébré au-delà de la communauté la plus hardcore des fans de Prince. L’album disparaîtra même d’internet quelques jours après sa sortie, sans raison fermement communiquée, avant de réapparaître dans une injuste indifférence.
RAISON 3 : Jill Jones – All Day, All Night (1987)
Nous évoquions le Minneapolis Sound il y a quelques paragraphes : l’album éponyme Jill Jones sonne historiquement la fin du genre, et en fanfare ! Le rythme est soutenu, spoken word et chant se mêlent dans une ambiance (love)sexy, les pistes de synthétiseurs se côtoient et se succèdent dans un joyeux excès.
All Day, All Night a, au cours des années, été réemployé par Prince sur scène comme extrapolation (citation du titre lors de la performance d’un autre titre initial) ou de segue (transition d’un titre à un autre). L’album est aujourd’hui méconnu, mais reste un laboratoire sonore de qualité pour quiconque s’intéresse à la programmation d’instruments électroniques.
Jill Jones mène aujourd’hui, il semblerait, une vie discrète.
Pour aller plus loin, ces morceaux méritent également d’être écoutés (même s’ils ont marqué la culture populaire au cours des décennies) :